L’importance des réseaux pour les jeunes créateurs d’entreprise

photo_fpicard313 questions à François PICARD,
Directeur Général du Groupe COBREDIA Automobiles, Président du CJD Bretagne, membre du bureau de la CCI de Brest et vice-Président Formation.

Quel sens donnez-vous à vos engagements au sein de réseaux professionnels ?

Une entreprise ne se développe pas dans le désert. Tout ce qui gravite autour d’elle et en particulier les liens qu’elle tisse avec son environnement donnent un sens à son action dans la société.

 

Le CJD est un lieu qui permet au chef d’entreprise de réfléchir, de prendre du recul. Ce mouvement dont la vocation est de « mettre l’ »économie au service de l’homme » (et non l’inverse) nous incite continuellement et collectivement à expérimenter pour nous améliorer. Nous nous formons aussi car  nous considérons que le métier de dirigeant n’est pas inné.

 

De l’ensemble de ces postures découle naturellement un goût des membres de notre association pour l’engagement. Nous aimons être acteurs dans notre société et particulièrement dans nos territoires.

Faire rentrer l’entreprise dans l’école et vice-versa est au cœur de nos actions. On crée des passerelles entre deux mondes, que ce soit par des conférences ou des interventions des dirigeants membres du CJD auprès d’écoles, d’universités. On noue également des liens privilégiés avec différentes instances, notamment issues du réseau Passeport Armorique ou autres, pour agir en priorité auprès des jeunes.

Le prolongement de mon engagement personnel, il découle vraiment de cela, du fait d’être rentré au CJD, d’y avoir côtoyé ces différents aspects que sans doute je méconnaissais et que je ne mesurais pas aussi nettement.

Que peuvent apporter les réseaux à un jeune créateur ?

Aujourd’hui, je pense qu’être entrepreneur, est un métier et que ça s’apprend. Alors certes, il y a certaines compétences et qualités naturelles que l’on développe les uns et les autres, mais si on n’a pas d’une part la mise en réseau avec une association du type CJD au contact des autres, et d’autre part une réflexion sur le fait que l’on est sur un métier qui s’apprend, qui est un cheminement tout à la fois personnel et professionnel (les deux sont d’ailleurs étroitement mêlés), c’est une dimension qui peut manquer à un jeune créateur.

La capacité à se former au métier de dirigeant, d’être au contact de dirigeants qui sont quelque part dans une forme de parrainage (c’est d’ailleurs l’objet de Passeport Armorique),  me semble être tout à la fois vertueux pour le jeune créateur qui va acquérir l’expérience du dirigeant plus expérimenté et pour le dirigeant expérimenté  être relié de façon très concrète à des idées nouvelles, à des projets nouveaux, à des façons de fonctionner qui sont aussi très neuves. Aujourd’hui, on voit les jeunes dirigeants travailler dans un mode plus collectif, plus rapide aussi… et parfois, cela nous bouscule !

Qu’apporte le parrainage d’un lauréat Passeport à un chef d’entreprise ?

Parrainer, c’est une forme d’engagement, c’est le sens de l’action du CJD.

Encore une fois, l’échange et le partage sont au cœur de la relation entre le jeune et son parrain. L’apprentissage et la complicité sont réciproques. On le constate chez les parrains par exemple : ils en sont absolument ravis.

Il y a aussi une forme de responsabilité qui n’est pas neutre car finalement, l’engagement n’est pas que moral ; c’est aussi un engagement de suivi dans le temps qui se révèle gratifiant. Cela  permet d’être inscrit dans  un lien pérenne dont on retire une réelle satisfaction quand les projets, grandissent, aboutissent et que l’on voit ces jeunes rebondir d’un projet à un autre.

Je pense qu’une des grandes vertus des parrains, c’est de poser les problématiques et savoir adopter une posture un peu méta par rapport à l’entreprise (ou au projet) et prendre du recul…

Réciproquement, les jeunes porteurs de projets  évoluent d’une façon différente aujourd’hui. Je les crois plus modernes, plus connectés, plus collaboratifs.

Ces dirigeants ont un fonctionnement qui éclaire aussi parfois d’un nouveau jour la construction d’un projet entrepreneurial aux yeux de ceux qui les guident.

Pour le parrain, c’est à la fois vivifiant et enrichissant professionnellement et humainement.

Le dénominateur commun des acteurs au sein de Passeport Armorique, celui qui consolide le modèle parrain-filleul, c’est sans doute le partage d’un formidable enthousiasme, condition sine qua non pour la création et la pérennité des entreprises.