Entreprendre dans les nouvelles technologies
3 questions à Anthony GONGORA, co-fondateur de la startup nantaise SOUNDERBOX
A 35 ans, après une première expérience de création d’entreprise dans le secteur du nettoyage, le nantais Anthony GONGORA s’est lancé dans le numérique et a fondé SOUNDERBOX, le jukebox collaboratif qui apporte de la démocratie musicale dans les lieux publics. Créée en 2013, la startup s’est très rapidement connectée avec des partenaires internationaux tels que DEEZER, SPOTIFY ou SOUNDCLOUD, et orchestre son développement avec doigté pour tout à la fois monétiser ses prestations et capter une communauté de consommateurs qui aiment le concept.
Quels conseils donneriez-vous à des startupers qui démarrent leur activité, compte tenu de votre parcours et de la rapidité avec laquelle Sounderbox se développe depuis un an ?
La startup, ce sont des mécanismes un peu particuliers. On apprend au fur et à mesure. Je pense donc que la 1ère chose, c’est de reconsidérer la notion d’échec pour l’aborder de façon un peu plus anglo-saxonne : l’échec vous permet de vous repositionner et de faire mieux le coup d’après.
Lorsque vous créez une startup, vous avez deux choix : soit vous faites le choix du terrier et vous ne parlez jamais de votre projet, vous n’êtes donc pas visible ; soit vous vous exposez avec la contrepartie de donner des idées à des entrepreneurs voire à des grands groupes… Dans ce 2ème cas, vous êtes sur une course à l’échalote où vous devez être le plus rapide pour monétiser votre business : c’est là le plus difficile pour une start-up. On peut toujours avoir la meilleure idée du monde, si elle ne se vend pas, vous n’avez pas de potentiel pour séduire et vous n’avez pas de partenaires pour financer votre développement.
Deuxième conseil que je donnerai : c’est d’avoir la capacité de réagir parce qu’une start-up, entre l’idée qu’on en a au démarrage et ce qu’elle devient un an après, c’est souvent très différent, dans la façon de faire le business, dans l’offre, dans le positionnement … Les startups ne sont pas des modèles établis sur lesquels on a beaucoup de recul ou d’expérience à la différence des modèles « traditionnels » où l’on connait déjà la façon de faire du business etc…
Troisième conseil : développer son réseau est extrêmement important. C’est également valable pour une entreprise classique : il faut savoir réseauter pour parler de son activité et faire évoluer son chiffre d’affaires. Pour les startups, c’est pareil, sauf qu’on est sur des écosystèmes très mouvants, qui changent beaucoup, qui sont parfois difficile à comprendre quand on n’est pas du sérail. Le numérique offre beaucoup de possibilités mais il y a aussi du parasitage ; il faut faire le tri dans tout cela pour essayer de se connecter aux meilleurs.
Pour vous, l’entrepreneuriat c’est de l’inné ou de l’acquis ? ou les deux ?
Je pense que l’ADN entrepreneur, on peut l’avoir si on a été bercé dans une culture personnelle ou familiale entrepreneuriale. C’est sûrement plus simple pour quelqu’un qui est extraverti d’être justement entreprenant.
Pour autant, ça s’acquiert aussi auprès des autres. Il y a des mécanismes qu’on découvre et qu’on apprend sur le terrain lorsque l’on commence à faire ses premiers pas dans l’entrepreneuriat ; cela permet d’ouvrir le champ des possibles…
Je pense qu’il y a aussi une partie d’inné peut être, en tout cas de motivation ça c’est sûr, et de personnalité d’entrepreneur ou de futur entrepreneur : cette envie de conquérir, de se battre et de combattre. Je dirai que l’entrepreneuriat, c’est un savant mélange entre une confiance personnelle et la capacité à aller chercher l’information et à s’entourer d’un réseau compétent. A mon sens, aucun entrepreneur ne réussit seul : il réussit parce qu’à un moment donné, il sait s’entourer et il a la capacité à aller chercher le meilleur ailleurs.
Passeport Armorique pour entreprendre s’adresse à des étudiants qui ne se sentent pas toujours légitimes à entreprendre parce qu’ils sont parfois très loin de l’entreprise et n’imaginent pas d’emblée devenir entrepreneur. Qu’est-ce que vous pourriez donner comme encouragement à ces étudiants qui auraient envie d’entreprendre ?
En 2013, dans le cadre des Entrepreneuriales, j’ai accompagné deux équipes avec des étudiants essentiellement issus de la filière universitaire en biologie : de part ce profil, ils étaient très déconnectés du monde de l’entreprise. Ils ont développé un concept social collaboratif et numérique. Pour eux, le plus important a été leur capacité à croire en leur concept, à en parler, à aller chercher l’information auprès des autres. Là encore, le réseau a été important pour apprendre d’autres entrepreneurs qui ont réussi ou non, comprendre pourquoi ils ont réussi…
Après, l’entrepreneuriat doit passer, à mon sens, au travers de la prise de confiance en soi puisque c’est l’entrepreneur qui porte le projet : c’est la capacité à ne pas avoir peur d’essuyer les critiques sur son concept, à se remettre en cause et à mettre en lumière sa motivation à porter son entreprise. Ce mélange-là est important : ainsi, quand les 2 équipes que j’accompagnais ont compris les mécanismes qui allaient soutenir leur projet (business plan, prévisions en termes de développement, stratégie…), elles se sont prises au jeu… et c’est quelque chose qui peut être grisant.
De plus en plus de jeunes durant leurs études préparent les business de demain. Ils ont les idées : à eux de les mettre en musique pour que cela devienne réalité… et en faire leur futur emploi, leur futur business.