L’expérience professionnelle, un atout pour réussir dans l’industrie

Gwenaël Picault Halcyon

3 questions à Gwenaël Picaut, de la société Halcyon

Gwenaël Picaut, ingénieur de formation, s’est lancé dans la création d’une entreprise industrielle à Rennes il y a 3 ans. En 2015, il a fondé la société Halcyon qui conçoit et fabrique des pièces de structure en nid d’abeille aluminium pour l’industrie du transport. Il a accepté de répondre à nos questions sur les spécificités de l’entrepreneuriat dans ce secteur.

 Pouvez-vous nous parler de votre parcours, de la création d’Halcyon ?

Je suis ingénieur de formation. Après une classe prépa, j’ai intégré une école d’ingénieur à Strasbourg : l’INSA, en génie mécanique avec une spécialisation en ingénierie de production.

J’ai ensuite travaillé chez Renault puis chez un équipementier automobile à Laval.

J’ai alors intégré l’entreprise Euro-Shelter, industrie de la défense, à Rennes. J’ai d’abord travaillé sur des dossiers complexes en tant que chargé d’affaires, puis je suis devenu responsable d’une Business Unit de fabrication de panneaux sandwich. Cette dernière expérience m’a permis de travailler en mode start-up et de gagner en expérience avant de me lancer.

J’ai toujours voulu monter ma société, mais c’est à cette période-là que le contexte et une conjonction d’événements m’ont poussé à me lancer. Pour m’assurer de bonnes conditions de départ dans mon projet, j’ai alors négocié ma rupture conventionnelle auprès de mon employeur. Entre mars 2014 et février 2015, j’ai donc travaillé sur mon business plan, mon étude de marché, le tout avec l’aide des indemnités Pôle Emploi et le support de la technopole Rennes Atalante.

Halcyon a été créée à Rennes le 25 février 2015.

C’est une entreprise qui conçoit, développe et fabrique des éléments de structure en nid d’abeille aluminium hyper légers et rigides pour l’industrie du transport. La société en est encore à ses débuts, nous avons reçu nos premières commandes courant 2016. Nous sommes aujourd’hui 4 personnes sur le projet.

La solution innovante qu’apporte Halcyon permet un gain de poids, donc une meilleure performance énergétique avec moins de pollution et elle est recyclable en fin de vie. Elle s’inscrit ainsi parfaitement dans l’élan vers les Green Technologies.

Bien que notre coût de départ soit plus élevé, notre procédé technique permet aux exploitants des systèmes de transport de faire d’importantes économies, par exemple sur la consommation de carburant pour un avion.

Elle apporte également une réponse à notre clientèle pour respecter les nouvelles normes de rejet de CO2 qui seront applicables en 2020, leur évitant ainsi de lourdes pénalités financières.

En ce qui concerne l’accompagnement, j’ai été suivi dès le début par Rennes Atalante. Je me suis également rapproché de l’ECAM à Ker Lann. J’ai pu bénéficier d’un hébergement via l’incubateur Emergys pendant 2 ans entre 2014 et 2016 et ainsi accéder à du matériel technique que je n’aurai pas pu financer à cette époque.

Quelles sont les spécificités de l’entrepreneuriat dans l’industrie ?

D’abord, les délais sont plus longs que dans l’entrepreneuriat classique. Il faut convaincre les industriels de l’intérêt de notre nouvelle technologie puis ils doivent l’intégrer à leur process de fabrication. Cela demande souvent plusieurs années.

Ce type de projet nécessite aussi un financement de départ important.

Ensuite, il faut pouvoir tenir jusqu’aux premières commandes. Pour financer toute la partie R&D, il faut donc solliciter des  aides et des emprunts.

Chez Halcyon, nous faisons appel au dispositif CIR (Crédit Impôt Recherche) et nous avons récemment été lauréats d’un programme de l’ADEME : Initiative PME « Véhicules et Transports du Futur ».

Tout cela demande beaucoup d’énergie et est assez complexe, mais cela vaut le coup.

 Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à des étudiants ingénieurs qui veulent entreprendre dans l’industrie ?

Quand j’étais étudiant, tout cet écosystème qui favorise aujourd’hui le développement de l’entrepreneuriat  n’existait pas. Pour autant, il me paraît compliqué de se lancer dans un projet industriel dès la sortie de l’école. Il vaut mieux prendre son temps, acquérir de l’expérience en tant que salarié pour bien comprendre l’entreprise industrielle.

Quand on est chef d’entreprise, il faut tout maîtriser, aussi bien le côté technique que les aspects gestion/RH. Or au début, on ne maitrise pas ces notions. On acquiert cela avec l’expérience et pourquoi pas aussi grâce à des formations.

Pour ma part, c’est ce que j’ai fait : j’ai profité des moyens mis à ma disposition par Rennes Atalante pour approfondir mes connaissances en me formant au marketing et à la finance notamment.

On peut aussi s’associer avec des profils complémentaires pour nous aider dans notre projet, mais l’important est d’avoir un bon réseau. Je fais moi-même partie d’un réseau via l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie), ce qui me permet d’échanger sur mes problématiques avec des entrepreneurs du même secteur que moi.

Et surtout il ne faut pas hésiter à parler de son projet autour de soi. Cela permet de tester son idée et de questionner son Business Model.

Pour conclure, je dirais que si c’était à refaire, je le referais sans hésiter !

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