Parcours d’une startupeuse engagée pour les entrepreneurs
Léna Roudaut est fondatrice de la startup brestoise My Movie Up, qui propose une solution en ligne de montage de vidéo pour les entreprises. Elle est également présidente du CJD Bretagne. Elle nous parle de ces deux activités qu’elle mène en parallèle.
En 2009, j’ai créé une première entreprise APIX, un studio de réalisation et de création digitale. Je me suis rendue compte à ce moment-là qu’il y avait une vraie inadéquation entre l’offre de service qu’on proposait et le besoin des entreprises de créer de plus en plus de contenu vidéo.
En 2014, nous avons eu une proposition de rachat par un autre acteur de la 3D basé à Marseille. J’ai donc saisi l’opportunité de sortir d’APIX à l’automne 2014 et de créer My Movie Up, société proposant un outil qui permet de faire des vidéos simplement et en autonomie pour les entreprises. J’étais seule au départ mais je me suis rapidement entourée d’une équipe technique. Aujourd’hui, 2 recrutements sont en cours : pour un poste technique de développeur et pour un poste commercial.
Il y a quelques semaines, nous avons déménagé dans de nouveaux locaux, au 32 rue de Siam à Brest, ce qui nous permet d’avoir plus d’espace pour travailler.
Pour financer la création de My Movie Up, j’ai bénéficié de l’aide Arpi (aide régionale aux projets industriels innovants) pour les premiers développements techniques. Il y a aussi eu du financement bancaire et des apports personnels. Puis nous avons fait une première levée de fonds en 2016 pour la partie technique. En juillet dernier, nous avons été rejoints par les Finistère Angels qui sont entrés au capital de l’entreprise. Nous sommes actuellement en préparation de notre seconde levée de fonds, prévue courant 2018 pour la partie commerciale.
La première version de notre produit a été commercialisée en janvier dernier. La plateforme est ensuite repartie en production pour ajuster les fonctionnalités d’après les retours des clients et de nos partenaires. Nous avons sorti la version 2 début octobre, ce qui va nous permettre d’accélérer la commercialisation.
Même si la solution globale que nous proposons peut concerner tous types d’entreprises, on s’est rendu compte qu’il y avait une appétence et un vrai besoin de notre solution dans l’immobilier. On s’est donc focalisé sur cette cible et on commence à avoir une clientèle de référence dans le milieu. Nos cibles directes sont d’abord les agences individuelles. Elles peuvent tester le produit et nous en faire un retour pour que nous l’adaptions. Une fois que nous avons convaincu un certain nombre d’agences, on peut monter au niveau du réseau d’indépendants ou de franchise, nos cibles partenariales. Nous ciblons également les distributeurs de logiciels métiers et CRM spécialisés sur le secteur de l’immobilier ainsi que les plateformes de diffusion d’annonces, car elles ont besoin d’automatisation vidéo.
Nous allons pouvoir accélérer le développement de l’entreprise cet automne grâce au recrutement qui est en cours. Il y a en effet beaucoup de choses à faire dans l’immobilier, puisqu’on veut atteindre les pays d’Europe limitrophes mais aussi aller tester le marché Outre-Atlantique assez rapidement.
Pour faire évoluer notre produit, nous avons un premier axe d’étude sur la partie reconnaissance d’images. Nous allons nous appuyer sur des technologies existantes pour développer des modules pertinents par rapport aux besoins des utilisateurs. Notre second axe porte sur le machine learning. Cela permettra d’être force de proposition auprès des clients en leur conseillant de réaliser certains types de vidéos grâce à l’analyse de data.
Pour la partie développement commercial, nous prévoyons d’attaquer un nouveau marché en 2019. Cela pourrait être le secteur de l’automobile, du nautisme, du tourisme, … Tous les secteurs pour lesquels il est pertinent d’avoir du contenu vidéo de façon récurrente. Je pense qu’il y a également des choses intéressantes à faire dans les RH. Nous prendrons le temps de choisir le secteur en nous en donnant les moyens.
En plus de cette activité, je suis également présidente du CJD Bretagne.
Le CJD est une association de dirigeants et de cadres dirigeants en entreprise, dont la vocation est de les faire progresser dans leur rôle de dirigeant, pour que l’économie soit au service de l’Homme et pas l’inverse. Cela passe essentiellement par de la formation et du travail en commissions très régulières (au moins une par mois). Il s’agit d’un mouvement national qui est implanté sur tout le territoire : 4500 personnes au niveau national, environ 450 en Bretagne, répartis en 8 sections : Brest, Quimper, Lorient, Vannes, Pontivy, Rennes, Saint-Malo et Côtes d’Emeraude.
Je suis arrivée au CJD en 2008. Au départ, j’ai une formation de juriste et je ne viens pas d’une famille d’entrepreneurs, j’avais donc peu de repères dans l’entrepreneuriat. A l’époque, c’est quelqu’un du technopôle brestois qui m’a conseillée d’entrer dans un réseau. J’ai regardé ce qui existait et j’ai choisi le CJD. J’ai donc postulé et j’ai été recrutée en 2008. J’y ai trouvé un écho à mes valeurs et très vite, je me suis impliquée et on m’a confié des responsabilités au sein de la section, notamment sur la formation. Le CJD est un mouvement qui apporte beaucoup mais parce qu’on y met beaucoup : une plénière et une commission par mois, une formation par an … C’est très enrichissant mais il faut s’engager et le faire dans la philosophie qu’est la nôtre. Par exemple, on ne vient pas au CJD pour faire du business. Le premier pilier du CJD est de réfléchir sur les entreprises, les rythmes et notamment s’assurer que compétitivité rime avec responsabilité. Le second est l’influence. Nous partageons notre vision du monde, mais pas dans une logique de lobbying. Le dernier est économique : développer et pérenniser, car tout ça se fait à travers le prisme de notre entreprise. Pour moi, la compétitivité et la rentabilité pour une entreprise, c’est comme le fait de respirer pour un être humain : c’est indispensable mais ça ne suffit pas !
Le CJD a également un rôle d’expérimentateur. Cela permet de trouver de nouvelles voies et de nouvelles façons de faire. En ce moment, il y a une expérimentation en Bretagne qui a déjà eu lieu dans d’autres parties de la France. Il s’agit d’un parcours pour trouver de nouveaux modèles économiques plus durables, mis en place pour une dizaine d’entreprises du CJD et assorti à 12 à 18 mois de formation.
Nous allons organiser le 8 février prochain un congrès régional à Saint-Malo sur la problématique de l’infini potentiel, ouvert à tous. En effet, nous sommes constamment centrés sur les ressources finies (humaines, économiques, matérielles) mais nous exploitons mal celles qui sont infinies. Cela commencera à 16h : il y aura des ateliers, puis une plénière le soir.
Pour terminer, j’aimerais parler d’une actualité qui s’est déroulée il y a quelques jours. En effet, j’ai participé à la première édition des CCI Findays, via la CCI de Brest. Il s’agit d’une opération nationale qui a pour but d’aider des entrepreneurs à convaincre de futurs partenaires financiers pour leur projet de développement. Ce qui m’a plu dans cet événement, c’est sa dimension nationale car cela permet de toucher des investisseurs que l’on n’aurait pas touchés depuis Brest. Les sélections ont eu lieu en juin au niveau régional. J’ai été sélectionnée avec 2 autres start-ups bretonnes pour participer au Grand Pitch de la finale à Paris, les 18 et 19 septembre derniers. Après 48h de préparation intensive grâce à des séances de coaching et des workshops, les 24 finalistes ont pitché devant un panel d’investisseurs. Cela m’a permis de progresser dans la façon de présenter My movieUP et de mieux comprendre les attentes des différents interlocuteurs du financement. J’ai aussi pu constater qu’à la pointe bretonne, nous n’avons vraiment pas à rougir de nos entreprises innovantes !