Le moment idéal pour entreprendre ? Quand on est étudiant !

Johan Ricaut cofondateur de Shopopop

Entretien avec Johan RICAUT, lauréat Passeport 2015 et cofondateur du service de livraison Shopopop

Retour sur la création de Shopopop

J’ai cofondé Shopopop avec Antoine CHEUL en 2015 à Nantes. Nous proposons un système de livraison de proximité, en lien avec les déplacements quotidiens des habitants. Ce sont les particuliers qui effectuent les livraisons à domicile : c’est un moyen pour eux de rentabiliser leurs déplacements et de compléter leurs revenus. Cela permet également aux enseignes d’éviter les coûts de structure d’un service de livraison en propre. Mais nous ne fonctionnons pas sur un modèle de type UBER : nos livreurs n’ont pas le statut de microentrepreneur. Il s’agit seulement d’une activité ponctuelle pour eux : un particulier livreur réalise ainsi environ 7 livraisons par mois.

Les premières livraisons via Shopopop ont été effectuées en septembre 2016 sur Nantes. Elles se sont rapidement étendues sur Rennes et Angers. C’est l’année suivante, en septembre 2017, que nous avons atteint un rythme soutenu de croissance à 2 chiffres et que nous avons trouvé notre business model. Début 2018, nous avons travaillé avec Intermarché sur un POC (proof of concept). L’expérimentation concernait 10 magasins de la région Bordelaise durant 4 à 6 mois. En juin 2018, nous déployions notre offre avec Intermarché au niveau national. Nous avons également réalisé 2 levées l’année dernière, pour un montant total de 2.5 millions d’euros, auprès de différents financeurs du grand ouest : Pays de Loire Participations, Bamboo ainsi que Go Capital et la West Web Valley.

L’entreprise compte actuellement 29 salariés, dont 6 commerciaux répartis sur toute la France et  95 000 utilisateurs sur notre plateforme. Nous réalisons entre 10 000 et 12 000 livraisons par mois, avec un total cumulé de près de 105 300 livraisons depuis la création de Shopopop.

Aujourd’hui, plusieurs contrats cadres sont signés avec des enseignes de la grande distribution comme Intermarché. Nous travaillons également avec  80 enseignes Super U et avons 6 grands magasins pilote pour Leclerc dans le grand ouest. Cela représente 589 drives et magasins référencés sur notre site. Notre cœur d’activité reste la grande distribution alimentaire, mais nous étudions de nouveaux axes de développement avec d’autre retailers : des magasins comme la Fnac, Darty ou Maison du monde par exemple. Le modèle de livraison Shopopop peut s’appliquer à tous types d’objets du moment que ça reste transportable facilement par un particulier, ce qui exclut les objets trop volumineux (au-delà de 30kg par exemple).

Nous travaillons en ce moment sur une expérimentation avec ERAM. Nous testons la mutualisation des stocks entre les différents magasins de l’enseigne sur Nantes. Ainsi, quand un client veut acheter une paire de chaussures dont la pointure n’est plus disponible dans son magasin, il est possible de se la faire livrer sur place ou chez soi. Si ce test d’un an est concluant, le service pourra être étendu à l’ensemble des magasins ERAM en France.

Les réseaux d’entrepreneurs

Antoine et moi sommes membres de plusieurs réseaux d’entrepreneurs. Antoine est ainsi lauréat du réseau Entreprendre, ce qui nous permet de bénéficier du parrainage par un entrepreneur. Nous avons des échanges réguliers, qui nous permettent de nous challenger. Je suis également entré au CJD (Centre des Jeunes Dirigeants) l’année dernière à Nantes. J’étais le plus jeune de ma promo, constituée d’entrepreneurs aux profils très variés, aussi bien dans le numérique que dans la nutrition animale ou les services. Etre membre de ce réseau me permet d’échanger avec une grande diversité d’entrepreneurs sur des problématiques communes. C’est une autre forme d’apprentissage, basée sur le partage.  

Cette année, je suis aussi devenu parrain de 2 lauréats Passeport Armorique : Julien PONS et Thibaut ROBERT, sur un projet de plateforme pour la restauration. Je les ai rencontrés plusieurs fois dans l’année et ai essayé de leur donner les outils nécessaires à leur projet. Je les revois d’ailleurs à la fin de l’été pour faire le point.

Encore un lauréat Passeport qui devient à son tour parrain : la boucle est bouclée !

L’entrepreneuriat étudiant

Quand on est étudiant, c’est pour moi le moment idéal pour entreprendre car on prend peu de risques financiers et surtout on a de la disponibilité : on peut dégager du temps pour son projet. J’ai moi-même créer Shopopop tout en étant étudiant et en alternance. Une question de temps et d’énergie mobilisée !

L’une des choses les plus importantes pour moi quand on se lance, c’est de parler de son idée autour de soi, pour se confronter au terrain. Il ne faut pas avoir peur de se faire voler son idée : l’exécution, c’est 99% de ce qui fait la réussite d’un projet. Il faut bien se renseigner sur son marché, de façon à trouver son ou ses facteurs de différenciation. Un entrepreneur doit également être prêt à se faire challenger. J’ai encore vu récemment au West Web Festival des entrepreneurs peu à l’aise avec ça au moment d’un concours de pitch …Il faut être prêt à se remettre en question quand on entreprend.

Dernière chose : il faut bien avoir en tête que l’entrepreneuriat se fait par étapes et qu’on ne commence pas à lever des fonds à peine l’entreprise créée. L’entrepreneuriat, c’est comme les montagnes russes, même si ça se calme un peu quand on a trouvé son modèle économique.

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